Jules Marigaux et ses hautbois (2)

Histoire de Jules Marigaux et des sociétés SML & Marigaux 


2ème partie : SML & Marigaux

La compagnie a donc été fondée en 1935. Les 3 hommes, Strasser, Marigaux et Lemaire se répartissent vraisemblablement les rôles.

Jules Marigaux fabriquant de hautbois 2

En effet Charles Strasser est un homme d’affaire né en suisse vers 1900. On sait qu’il parlait plusieurs langues ce qui ne pouvait que faciliter grandement l’export. Lemaire est quand à lui, l’homme de l’ombre. On ignore son prénom et certains pensent parfois qu’il était facteur de clarinettes mais non,  il s’occupait de la gestion, de la comptabilité.  Jules Marigaux n’est plus à présenter. 

Leurs 3 noms ont été utilisés pour décrire trois gammes d’instruments aux alentours des années 80 :

  • Strasser pour les instruments d’étude
  • Lemaire pour les instruments intermédiaires
  • Marigaux pour les instruments professionnels

Aux débuts de la compagnie, étonnement ce n’est pas le hautbois qui rencontre le plus de succès ou d’enthousiasme mais le saxophone ! Il y a en effet un véritable engouement pour cet instrument avec la musique Jazz que l’Europe découvre et le saxophone Marigaux semble très apprécié (aujourd’hui encore en occasion) au point  que plus de 30.000 exemplaires seront produits et exportés en grande partie aux Etats-Unis !

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Dans les années 60, c’est la société King Musical instruments qui les importera sous le nom de « King Marigaux« .  Les derniers modèles sont produits au début des années 80 mais le lien avec le saxophone se poursuit d’une manière différente en distribuant la marque Yanagisawa.

Atelier Marigaux Paris

Bien d’autres instruments seront produits : des flûtes, des trompettes, des cuivres en général,  des clarinettes… Ce qui explique le titre Manufacture Générale d’instruments de Musique sur la façade de l’immeuble sis 144 Boulevard de la Villette. 

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Les cuivres sont sans doute réalisés par Besson acquis à la fin des années 30 et Aubertin.

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Lemaire meurt en 1950 ce qui explique sans doute pourquoi la société devint ensuite Strasser-Marigaux  S.A le 1er janvier 1955 bien qu’utilisant encore les lettres SML sur ses instruments. 

Pour la flûte traversière, la compagnie achète en 1951 la société Louis Lot en 1951, célèbre facteur à La Couture Boussey. 

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Et 1975, c’est Malerne qui est racheté. Bien connu pour ses clarinettes, c’est son cor anglais qui servira de base pour le modèle Marigaux et la société Marigaux  occupe encore aujourd’hui les anciens ateliers Malerne, 10 rue de Nonancourt à La Couture. 

Mais entre temps et comme je l’ai indiqué dans la 1ère partie, Jules Marigaux décédait en 1971 sans succession. Un flottement devait être palpable depuis un moment. En effet Marigaux était déjà âgé de 56 ans à la création de la compagnie et sans doute avait-il lâché du lest dans ses dernières années bien avancées. On peut le penser raisonnablement.

Charles Strasser est à la tête de la compagnie, peut-être donc depuis un moment et lui aussi n’est plus tout jeune, autour de 70 ans.  C’est pourquoi il vend  la société. Yves Rilba qui était entré en 1972 comme directeur des ventes à l’export et qui avait pris la tête de  la compagnies en 1974 s’était montré fort évasif au sujet des autres investisseurs dans une entrevue qu’il avait eue avec Nora Post au début des années 80.

Interview with Yves Rilba 1982

Peut-être SML à-t-il été vendu en partie en 1975 à UMI, United Musical Instruments qui n’est autre historiquement que C.G.Con ? Des rumeurs couraient également que Leblanc aurait été intéressé dans les années 70.

 Au milieu des années 80, des changements opèrent à nouveau. Joachim Kreul aurait été un temps à la tête de l’entreprise avant que de manière plus claire Marigaux rejoigne le groupe allemand JA-Musik qui regroupait alors surtout des cuivres à Markneukirchen et qui a d’ailleurs aujourd’hui complètement disparu au profit de BC.

Le 13 Février 2001 l’entreprise devient simplement Marigaux et en 2007,  sont dissociées les activités de distribution d’une part avec SML Paris (Groupe Algam)  et Marigaux d’autre part qui se concentre uniquement sur la famille du hautbois depuis quelques années déjà avec des instruments qu’il n’est pas nécessaire de présenter ici tant ils rencontrent un succès auprès de nombreux professionnels du mon entier.

C’est également en 2007 que  Marigaux est acheté par  Nonaka Boecki Company Ltd qui est un très grand distributeur d’instruments de musique au Japon tandis que la direction demeure entre les mains de Renaud Patalowski depuis 2001, toujours proche, accessible et attentif à ses musiciens et pas que ! 😉

Une anecdote pour finir ?

Charles Strasser avait également une autre compagnie depuis 1935 qui s’appelait Major et qui lui permettait surtout d’importer des guitares, des batteries… Un magasin situé 3 rue Duperré fût légué à sa fille, Liliane en 1978 qui le rebaptisa Major Pigalle avant de le vendre en 1992. Décédée le 13 Juin 2017, j’avais essayé de me rapprocher de son époux pour obtenir quelques informations éventuelles sur elle et son père mais sans succès… 

Major Pigalle

Et une vidéo ! 

Ou plus exactement 2 vidéos que j’ai réunies ici afin de montrer l’univers de la fabrication des Hautbois Marigaux 😉


3 réflexions sur “Jules Marigaux et ses hautbois (2)

    • Bonjour Gérard, Je suis content que vous ayez trouvé cet article intéressant.

      Ce n’était pas évident à la base car, en comparaison, l’histoire de chez Lorée ou Rigoutat nous est connue assez facilement car ce sont des entreprises familiales alors que pour Marigaux il en a été autrement.

      Après… concernant les prix, les coûts de production et les charges sont importants mais je reste convaincu qu’il reste une marge conséquente sur un marché certes limité mais où les professionnels d’orchestre auront toujours les moyens de se payer ces instruments. Ce sont eux la cible…

      A bientôt et bonne journée à vous également,
      Alain

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