« Le jardin féerique » de Maurice Ravel, composition adaptée en un trio pour hautbois de 2 cors anglais
Nulle féerie pour moi cette semaine ni depuis un looooong moment d’ailleurs ! J’ai – dirons nous – le moral dans les chaussettes avec toujours la question du sens qui me taraude de plus en plus. Pourquoi je joue ou pourquoi j’essaie de le faire depuis tant d’années ?
Certains répondront la passion. Je crois inutile de rappeler ici l’étymologie de ce mot mortel… Quand je vois ou j’entends la différence entre mon jeu et ce que je rêverais d’atteindre, cela me fait vraiment mal.
Jouer plus, travailler plus… Je n’y crois pas. A un moment donné il y a une frontière invisible, un plafond de verre que tu passes… ou pas. Et même si avec le temps tu t’en rapproches, ce n’est pas pour autant que tu le franchis !
8 jours d’état grippal n’arrangent rien et si je reconnais volontiers être à plat alors qu’il faut de l’énergie pour jouer, je vois bien que la faille entre mes attentes et la réalité est bien plus grande et qu’elle vient se fracasser lourdement cette semaine sur « Le jardin féerique » de Ravel qui n’avait rien demandé…
J’adore cette oeuvre. Si je ne suis pas fan de Ma mère l’Oye dans son ensemble, cette dernière partie, le jardin, me touche beaucoup. Les harmonies, les textures, tout parait simple sans l’être vraiment. Chaque voix s’enchevêtre, le coeur vibre et la lumière palpite…
J’ai souvent utilisé cette oeuvre orchestrale dans mes cours de 6ème ainsi que la version vocale de Thierry Machuel. Dernièrement, je l’ai même ressortie de mes papiers pour la présenter à des élèves de cm2 venus visiter le collège une journée ! Et comme je possède depuis plusieurs mois maintenant une adaptation de l’oeuvre en trio pour hautbois et 2 cor anglais publiée chez Egge Verlag, j’ai pensé l’enregistrer cette semaine.
C’était sans doute une erreur. Les parties sont très longues sans endroit où respirer paisiblement, celles de cor anglais sont aiguës et il n’est pas évident de saisir immédiatement la co-construction de cette musique en flux continue à travers les 3 pages de ce trio.
A force de jouer faux tout azimut sur le cor anglais, toujours un peu haut par ici et toujours un peu bas par là et d’enchainer avec le hautbois qui sonne comme une casserole, j’aurais bien envoyé mes instruments se claquer sur le mur de ma colère et ceux de mon bureau ! Il est évident que jouer cette partition a 3 serait immédiatement plus simple que de se coltiner en plus la gestion de l’enregistrement. Pendant plusieurs jours, j’ai remis mon ouvrage sur le métier. Par moment c’était pire et j’en étais très peiné, très affecté par cette dichotomie entre désir et résultat.
Alors voici. C’est très loin d’être parfait mais au casque, ça sonne assez bien je pense. Comme j’ai coutume de dire : il y a de bons passages ici et là. C’est une façon aimable de se raccrocher à une branche comme on peut. J’aurais bien aimé conduire un beau ralenti avec la montée du hautbois vers 2’05 » mais je sentais qu’il fallait que mon supplice de la semaine se termine bientôt.
Quand je vois que presque 1000 personnes sont venues cette année sur mon blog pour savoir si le hautbois était difficile… Cela me laisse un sourire doux-amer :
Le hautbois tout seul ça va encore mais c’est en essayant de faire de la musique avec que les choses se compliquent…
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !
Bonjour Alain,
je profite de ce message pour te souhaiter une très bonne année ainsi que le retour de la santé.
Très belle interprétation , pas facile de mettre tout en place.
Très belle journée.
Amitiés
Gérard
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Meilleurs vœux Gérard et une très belle année pour toi et tes proches !
Amitiés,
Alain
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