Hautbois Ludwig Frank / Ludwig Frank’s Oboe
Hautbois Springer / Springer Oboe
La genèse du hautbois Ludwig Frank commence en fait avec Hans Peter Springer.
Musicien né en 1938, Hans Peter Springer apprend d’abord la clarinette avant qu’un collègue de l’orchestre thermal de Bad Wörishofen ne le pousse à jouer du hautbois. Ce sera son 2ème instrument et très vite il s’intéresse à sa construction et à son amélioration.
La direction de son travail l’amène à un hautbois de corps plus épais et percé plus largement mais aussi à la création de ce qu’on appellerait aujourd’hui un liner. Celui ci était en en résine epoxy. C’est ce que Hans appellera en un sens « Oboe in der oboe ». Il dépose plusieurs brevets (notamment sur la perce et les inserts) et même encore en 2021 à 83 ans !
Apprécié des musiciens professionnels dont certains le conseillent, Springer est cependant dépassé par les affaires. En 1986 il se crée avec le soutien financier d’un ami, un atelier de réparation à Pfaffenhofen qui est toujours ouvert !
C’est en 1989 que Ludwig Frank, formé au sein de la maison Mönnig fait la connaissance de Springer et de son hautbois. Ils travaillent ensemble dès 1991-92 et en 1993-1994 Ludwig Frank achète la marque et reprend la responsabilité de la production de ces instruments qui changeront alors de nom définitivement.
55 à 60 instruments sont produits entièrement à la main , à Berlin, par une poignée de personnes (dont Sabine Drengner, présente dans la vidéo ci-dessous) disait-il à Maddy Aldis Evans dans une interview il y a quelques années maintenant…
Les bois sont séchés pendant 15 ans et ils se reposent encore entre les différentes étapes de fabrication.
https://frankundmeyer.de/oboenbau-in-berlin-pankow/
Avec l’évolution des goûts, les musiciens cherchant autre chose chose qu’une sonorité sombre, le modèle Brillant, moins épais, a été réalisé dans l’idée d’attirer des musiciens jouant Marigaux.
Avec des boules dorées (ce qui est très courant aujourd’hui) et un pavillon un peu en forme de cloche, rappelant un peu celui d’un hautbois viennois, le hautbois Brillant se reconnaît assez facilement.
La tête des instruments LF a également une forme particulière et facilement identifiable.
L’instrument est livré avec des tampons liège avec une couche de silicone dont Ludwig Frank apprécie la longévité (discutable je trouve), le bouchage et la résonance.
Et il possède également une résonance au fa de clé qui est d’ordinaire une option connue en Allemagne ainsi que de nombreuses vis de réglages supplémentaires permettant d’ajuster la levée des plateaux ou des tampons ce qui joue sur l’intonation.
Ces instruments sont livrés dans des étuis cuirs très soignés avec humidificateur et hygromètre, réalisés par Klawus.
La gamme s’articule autour du modèle original et de 2 variantes : hautbois modèle 11, hautbois modèle 11 Brillant et hautbois modèle 11CD (pour Clara Dent et dont le pavillon a une forme plus classique mais avec un anneau de cocobolo en bas du pavillon en ébène)
La nomenclature modèle 12 du catalogue correspond aux mêmes hautbois mais avec mécanisme doré et vous pouvez retrouver la même logique avec les séries 21 et 22 concernant les déclinaisons à octaves automatiques.
Je vous laisse découvrir le modèle Brillant sous les doigts de Cristina Goméz Godoy avec particulièrement l’Introduction et Polonaise de Adolphe Deslandres, une oeuvre méconnue, composée pour le Concours du Conservatoire de Paris en 1905 et dont la 1ère partie est – je trouve – mélancoliquement et très joliment inspirée.