Les aventuriers de l’anche perdue

Faire une anche de hautbois ou de cor anglais, Gouger le roseau

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Apparemment, un nouvel épisode des aventures d’Indiana Jones va bientôt sortir au cinéma. 

Peut-être une histoire où il court après des nazis en Ehpad derrière son déambulateur ? Le précédent opus m’avait surtout fait mal au crâne alors il n’est pas certain que j’aille voir ça. 😅

De mon côté mes aventures continuent et travailler mes roseaux en ce moment relève du sacerdoce. 

Si la foi soulève des montagnes, elle ne permet pas pour autant de gouger précisément des roseaux…pourris.😱

Car, oui, j’ai été déçu dernièrement. 

Et fâché intérieurement.

La raison précise ? 500 grammes de roseaux 11,5-12mm pour cor anglais que j’avais achetés il y a quelques mois et que je n’avais pas immédiatement travaillés et dont les 2/3 n’étaient pas au bon diamètre !!!! 😤

Hallucinant. 

De nombreux tubes font 12-12,5mm. Même si j’ai le matériel pour les travailler cela va être un carnage. Et plein d’autres sont encore plus grands !

En fendant les tubes, on se retrouve souvent avec un diamètre supérieur pour l’arc de cercle d’une languette de roseau. 

Des fois vous mesurez et repérez la bonne section d’un tube et une fois coupée cette section est plus large que prévu. 

Des tensions qui se relachent ??? Je l’ignore. 

Toujours est-il que j’ai contacté le vendeur et j’ai surtout eu la chance d’être en relation avec le producteur qui de suite m’annonça qu’il m’enverrait gracieusement de nouveaux roseaux. 

Ce qu’il fit.  

Pas décidé à balancer à la poubelle tous ces roseaux, j’ai donc entrepris de sauver ce que je pouvais.

Repérage d’une section faisant le job, utilisation d’une flèche adaptée et fendant le roseau en 2 en mettant la courbure du roseau le plus près possible de la lame. Bref ! Beaucoup de temps à essayer d’exploiter ce qui reste, une partie importante mais utile pour cor anglais mais parfois plus sûrement pour hautbois d’amour, voir hautbois. Il faut chercher, tatonner. 

Avec la seconde pièce qui fait entre les 2/3 et les 3/4 de la circonférence d’un tube, il me faut utiliser un cutter et/ ou un prégougeur classique (mais bien plus grand) pour enlever les parties excédentaires et aller plus loin dans mon travail.  

C’est ainsi que je suis un aventurier à la recherche d’un roseau perdu. 🤓

Si avec un tube je récupère une section, c’est Byzance. Si j’en obtiens une 2ème c’est miraculeux. 🥳

Une chose est certaine. Ce travail  méticuleux prends du temps. Et si j’avais fléché mes roseaux à la va-vite en 3 je me serais souvent retrouvé avec aucune section digne de ce nom. 

Ici le travail s’achève. En gougeant, j’en ai perdu une bonne partie car ces roseaux étaient également trop souples. Mais j’ai le sentiment de ne pas avoir jeté tout mon argent dans la poubelle. 

Au final : 93 roseaux 11,5-12mm et 53 roseaux 12-12,5mm. Certains seront peut-être rejetés en les mesurant plus patiemment.

Si je puis donner un conseil, vérifiez le calibrage de votre mesure de diamètre avec le cylindre métallique de 8mm. On ne sait jamais. 

Une partie de moi est reconnaissante pour les roseaux reçus et pour la bonne leçon que j’en retire mais – en même temps – je demeure perplexe sur la situation initiale.  

J’avais reçu des roseaux proches de 13,5mm de diamètre et certains étaient supérieurs à 14mm ! 😱 

Erreurs grossières dans le tri chez… le producteur… ? Le vendeur ? 

Accident ? Intentionnel ? 

Car oui je vais un peu loin dans mon questionnement. Sans vouloir siffler sur le refrain du « C’était mieux avant », je me posais pourtant moins de question il y a 30 ans. Je travaillais mes roseaux et ça fonctionnait plutôt bien. 

Aujourd’hui on a une richesse d’approvisionnements différents et pourtant j’ai le sentiment de recevoir de plus en plus de la merde… comme si finalement les roseaux qui m’étaient destinés étaient du 2nd choix et  favoriser ainsi certains professionnels bien établis qui leur achète des quantités bien plus importantes que moi j’en conviens ! 

Le roseau est naturel, il ne pousse pas droit et uniformément. D’accord ! 

Mais le savoir faire d’un producteur peut éliminer les roseaux inadaptés de ses plantations et en dernier ressort le vendeur pourrait – lui – ne pas vendre à prix d’or une cargaison qu’il doit bien connaître également de son côté et dont il sait que la qualité n’est pas  top. 

La question restera sans réponse pour le moment. Mais si ça continue, je vais finir par laisser tomber. 

Car travailler de mauvais roseaux est une perte d’argent mais c’est surtout une perte de temps énorme pour que la montagne accouche finalement d’une souris…