« Lamento d’Ophelia », oeuvre pour synthétiseur de Alain Vlamynck
Voici un nouvel article, un nouveau billet qui ne porte pas sur le hautbois. C’est bien de l’oublier un peu de temps en temps.
Aujourd’hui je souhaite simplement partager l’une de mes re-créations ou récréations. C’est une pièce mélancolique et assez minimaliste que j’avais écrite pour piano durant mes années de Lycée, vers 1992 : Le Lamento d’Ophelia.
Dernièrement je cherchais l’inspiration sans la trouver hélas puis j’ai eu le sentiment que je pouvais faire quelque chose en réutilisant cette pièce. C’est chose faite et c’est toujours mieux que rien. 😌
A l’époque j’avais eu le déclic avec le célèbre et magnifique tableau de John Everett Millais : Ophelia. Mais les poèmes de Rimbaud sur le même thème m’avaient également et profondément marqué. Surtout le 3ème et dernier, touchant de simplicité qui n’est qu’apparence mais si évocateur !
I
Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
– On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d’elle;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d’où s’échappe un petit frisson d’aile :
– Un chant mystérieux tombe des astres d’or.
II
Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté!
– C’est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté;
C’est qu’un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d’étranges bruits;
Que ton cœur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l’arbre et les soupirs des nuits;
C’est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d’enfant, trop humain et trop doux ;
C’est qu’un matin d’avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s’assit muet à tes genoux !
Ciel! Amour! Liberté! Quel rêve, ô pauvre folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
– Et l’infini terrible effara ton oeil bleu !
III
– Et le poète dit qu’aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.
J’avais bien essayé moi-même ces quelques lignes de poésie sur Ophélie. Mais sans jamais avoir eu la prétention de rivaliser !
L’onde d’un cygne
S’estompe peu à peu
Près des rives insignes
D’un lointain lac bleu.
Et, tandis qu’une ombre
Furtivement se dessine
Sur l’eau calme et sombre,
Par une rose assassine
Ophélie s’endort
Dans une pluie de murmures
Puis des paillettes d’or
Viennent masquer sa blessure.
Avec Ophelia… Ou Ophélie, j’ai toujours vu l’archétype de l’Amour inconditionnel menant jusqu’au suicide. La Passion ultime et aveugle. Il y a bien entendu derrière ce personnage un soupçon de tragédie antique, un quelque chose de presque mythologique. Pourtant Shakespeare, avec son Hamlet, laisse une oeuvre avec des destins, des passions et des tourments dignes de l’époque Romantique. Mais j’ai peut-être tout faux.
En attendant, pauvre Ophélia ! Elle à qui Hamlet écrivait pourtant :
« Doute que les astres soient de flammes ;
Doute que le soleil tourne ;
Doute que la vérité soit la vérité,
Mais ne doute jamais de mon amour ! «
Bonjour Alain,
belle réussite, musique envoutante.
Belle journée à vous.
Gérard
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Merci beaucoup Gérard, je suis ravi que cela vous ait plu ! Passez un bon week-end.
Alain
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