Une Anche de Cor anglais

Faire une anche de cor anglais


Ces derniers temps je n’ai pas été très chanceux pour réaliser des anches de cor anglais. Du moins pour mes anches personnelles puisque celles que j’ai réalisées pour un ami n’ont pas posé de problème. 

Après avoir arrêté le cor anglais pendant 5 ans et acheté cet hiver un nouvel instrument,  je n’ai pas trouvé judicieux de me lancer immédiatement dans l’élaboration des roseaux. Non seulement je m’étais également séparé d’un certain matériel mais je pense qu’au début, le mieux est de se concentrer sur l’instrument et de jouer puis de réaliser quelques anches et les améliorer peu à peu. 

C’est dans cette optique que j’avais donc acheté du roseau gougé et quelques tubes supplémentaires à un fabriquant parisien bien connu afin de me faciliter la tâche dans un premier temps.

Quand tout va bien, on ne se pose généralement pas de questions.

J’avais acheté 2 paquets de roseaux ayant la même épaisseur 66-68/100ème donc des roseaux assez softs diront-nous. L’un d’eux était de tenue « souple » et l’autre, « moyenne ». Mais en y regardant de plus près, j’ai pu constater que les roseaux obtenaient un indice de  10 sur mon testeur de dureté. Ce sont donc des roseaux déjà bien durs ce qui est assez étonnant car justement sur le cor anglais les roseaux souples sont plus appropriés je trouve. Mais j’ai surtout constaté que les roseaux pouvaient aller de 65 à plus de 70/100ème en variant sur la longueur. Dans ces cas là, je ne m’étonne plus d’avoir des difficultés à finaliser mes anches et à trouver étrange qu’elles sonnent très étouffées même en enlevant beaucoup de bois !

Cet épisode me pousse du coup à reprendre l’élaboration des roseaux plus vite que prévu et je verrais très rapidement pour racheter des canons et de quoi les gouger moi-même.  Je ne dis pas que sous prétexte qu’on les fait soi-même nos roseaux sont parfaits mais… A moins d’être Alzheimer, si je prends et utilise un roseau un peu bancal sorti la gougeuse, je suis le premier au courant !

Car oui, je pense que lorsque l’on achète son roseau on a tendance à faire confiance et cela doit être le but mais… Après il y a inévitablement « à boire et à manger« .

Sur un autre point et c’est d’ailleurs celui là qui me pousse à écrire aujourd’hui, j’avoue ne pas avoir été parfaitement satisfait de mes anches. Sur le plan de la sonorité, de la justesse, de la stabilité ou de l’attaque encore : oui mais…pas de la vibration et du soutien, en dehors de la « problématique roseaux ». En effet même quand une anche sonne agréablement, je la trouve malgré tout trop résistante et exige un soutien permanent, chose dont je n’ai pas du tout envie sur un cor anglais !!! 

J’imagine plus le jeu de cet instrument, tranquille-peinard et en tongs, confortablement installé sur une chaise longue. A chacun sa vision des choses, non ? 🤪 😇 🤣

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Du coup j’ai monté 7 anches avec l’idée de bidouiller et de partir pour chacune d’elles à l’aventure et « au mépris du danger d’avancer vers l’inconnu » ! Quelque soit l’instrument et l’anche, je pense qu’à un moment il est bon de sortir des sentiers battus et d’explorer les limites pour obtenir un meilleur résultat. Agrandir la pointe, l’affiner, gratter davantage sur l’ensemble de la surface ou un peu plus le talon, allonger ou raccourcir le grattage, etc… Tout est bon à prendre !

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On sait et comprend qu’il est plus facile d’enlever du bois que d’en rajouter, certes mais il est bon aussi je crois de savoir jusqu’où on peut aller au maximum directement.  

Ici, j’ai profité de rallonger un peu mon montage à 59,5mm mais aussi le grattage qui dépasse un peu les 12,5mm. La pointe est plus grande et assez fine, même un peu trop mais comme je l’ai indiqué c’est un peu le but de savoir où l’on va… 

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C’est peut-être une piste pour moi. On verra. Je cherche à me faire des anches sans prise de tête pour jouer et travailler tranquillement à la maison. Cette anche va dans cette direction je crois : très fluide, légère, vibrante et ronde à la fois. Mais d’un autre côté je sens que le côté obscur de l’instabilité n’est pas loin…

Allez, je retourne « au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau ! » 

C’est ma façon de concilier Star Trek et Baudelaire. 😁