Anche de Hautbois d’Amour

Faire une anche de hautbois d’amour / Making an Oboe d’Amore reed

 


Un peu comme pour réaliser un thème astral, certains évènements se combinent, c’est la conjonction ou l’alignement des planètes qui m’a fait réaliser dernièrement des anches de hautbois d’amour alors que je n’en avais nul besoin ! 

L’année dernière, je me suis acheté une nouvelle gougeuse dédiée principalement au hautbois d’amour. Bien entendu il s’agit du modèle avec la lame cylindrique de Reeds’n Stuff qui permet une très grande simplicité d’emploi mais surtout une grande polyvalence. Mais ce n’est pas le seul achat que j’ai réalisé. J’ai également pu acquérir le taille anche RCOA1, une forme qui vient comme l’indiquent les lettres du Roseau Chantant. Sont également venus rejoindre dans ma « collection » de tubes des modèles récents de chez Chiarugi. Et enfin, c’est en recevant du roseau Güner pour hautbois que je me suis décidé à réaliser ces nouvelles anches associant nouveau roseau, nouvelle forme et nouveau tube (relatif)

La gougeuse possède un berceau pouvant accueillir des roseaux d’un diamètre 11-11,5 mm et sa longueur est la même que celui pour hautbois : 76 mm. 

La lame utilisée à un diamètre de 12,50 mm produisant un ratio de -20/100émes environ entre l’épaisseur centrale du roseau et celle des côtés. 

Le taille anche RCO1 que Dimiter Jordanov destine plus à la réalisation de ses anches « allemandes » est plus conique que mon taille anche H50 qui est un peu la rolls pour le hautbois d’amour. Il faut dire que le choix est assez limité et c’est souvent celui-ci qui se trouve être le bon choix avec le H32 à peine plus ventru de mémoire. Le H97 étant beaucoup plus conséquent et peu pratique à l’usage et à mon goût, je m’en suis séparé.  Ici avec le RCO1 on a une pointe un peu plus large et une gorge un peu plus étroite que le H50.

Les tubes Chiarugi que je me suis procurés sont peu connus et distribués. Ce sont des modèles avec du liège et font penser aux modèles de Guercio dont c’est la caractéristique.  Ils sont très proches au niveau des dimensions : l’ellipse au sommet du tube est un tout petit peu moins aplatie mais la base circulaire est  la même que celle des OD10. Cela joue à pas grand chose. Ils sont disponibles en 2 longueur 25 ou 26,5mm comme le sont les tubes plus traditionnels. Mais la différence notable est la qualité d’un métal plus ferme, la finition des tubes plus soignée et la constance, la régularité dans la production. Je suis donc très content des les trouver maintenant pour ces raisons et j’apprécie d’une manière générale les tubes avec liège pour hautbois d’amour en ce qu’ils sont plus pratiques à tenir lors du montage de l’anche, lors du maniement avec l’instrument et surtout le fait qu’on peut mieux les fixer sur le bocal : on gère mieux l’enfoncement je trouve. Evidemment si vous êtes adeptes du tubing entre le tube et le bocal, ce ne sera pas ici possible…

 

Les roseaux Güner sur lesquels j’ai travaillé et réalisé des articles il n’y a pas si longtemps m’ont donné beaucoup de satisfaction sur le hautbois et j’espère que cela continuera dans le temps. Je souhaitais donc reproduire ici un test mais pour hautbois d’amour. Comme il arrive que certains roseaux soient d’un diamètre supérieur lors du tri, c’était une bonne occasion de les utiliser ici. 

 

 

 

Il est important de réaliser un tri minutieux, de vérifier les tubes. Ce tri peut également être vérifié une fois les roseaux fléchés car l’on a parfois des surprises. Pour ma part je n’hésite plus à  flécher en deux mes roseaux si je vois que j’ai plus de chances d’obtenir 2 portions adéquates ou même 1 seule avec un tube biscornu que l’on aurait peut-être initialement rejeté. Mais quand certains tubes m’apparaissent cylindriques alors je suis heureux de les flécher en 3 d’autant qu’avec le matériel de Udo Heng on le fait en toute sécurité : c’est quand même beaucoup plus confortable et sécure qu’un cutter !

Mais avant cela, j’aime également repérer la bonne section et scier les extrémités inutiles. Ce travail peut-être laborieux car je me laisse une petite marge de manoeuvre. Les roseaux ne sont pas exactement coupés à la longueur finale mais ils le sont à une taille identique dans l’ensemble qui facilite grandement les étapes suivantes comme le prégougeage notamment mais aussi d’autres sélections en fonction de leur souplesse ou dureté par exemple ou de leur planéité.

 

Vient ensuite l’étape du gougeage après une coupe précise cette fois-ci des roseaux. Pour ma part j’apprécie les roseaux avec une épaisseur centrale de 61 à 63/100èmes ce qui est assez épais apparemment. Mais vers la fin, au grattage, j’enlève beaucoup de bois,  alors ça compense ! 😅 

Bien entendu toutes les étapes ne sont pas réalisées le même jour et j’aime être attentif au tri qui évolue parfois au cours du travail. Un beau roseau peut décevoir plus tard quand un autre moins parfait tire son épingle du jeu au final : les mystères impénétrables mais surtout imprédictibles des roseaux ! 

Mesure précise de l’épaisseur des roseaux ainsi que leur dureté.

 

 

 

Les roseaux sont ensuite taillés et il sera alors possible de monter une anche, de la couper puis enfin de la gratter.  Montage à 52mm pour une coupe vers 51mm sur un tube de 25mm bien entendu et grattage un peu allongé par rapport au hautbois avec une pointe également plus épaisse en proportion. Pour moi, l’anche de hautbois d’amour se rapproche plus de celle du hautbois que celle du cor anglais pour laquelle il y a moins de contrastes. Mais je sais que d’autres personnes penseront différemment. 

 

 

 

Au final je suis satisfait du résultat. Je retrouve les mêmes sensations pour les roseaux Güner que celles que j’avais eues lors de mes essais pour hautbois. Ce qui montre leur constance ou la mienne… ou les deux ! 😁 Les tubes Chiarugi se fixent très bien sur mes bocaux Mönnig. L’étanchéité est bonne et ils restent en place. Enfin j’apprécie la forme du taille anche qui me permet d’avoir un ensemble généreux, de la rondeur sans avoir trop de corps. Le résultat est plaisant dans le grave comme dans l’aigu avec une certaine stabilité. Les 2 enregistrements ici réalisés dans mon bureau souhaitent montrer une fois de plus un résultat prometteur alors que les anches sont justes grattées et mériteraient  quelques finitions ou ajustements ultérieurs. 

 

 


A bit like making an astral chart, certain events combine, it is the conjunction or alignment of the planets that made me recently make oboe d’amore reeds when I didn’t need them! 

Last year I bought a new gouging machine dedicated mainly to oboe d’amore. Of course it’s the model with the cylindrical blade from Reeds’n Stuff, which is very easy to use and very versatile. But this is not the only purchase I made. I was also able to acquire the RCOA1 shaper form, a shape that comes from Le Roseau Chantant as the letters indicate. Recent Chiarugi models have also joined my staples « collection ». And finally, it was when I received some Güner cane for oboe that I decided to make these new reeds combining new cane, new shape and new (relative) staple.

The gouge has a bed that can accommodate canes of 11-11.5 mm diameter and its length is the same as the oboe reed: 76 mm. 

The blade used has a diameter of 12.50 mm producing a ratio of about -20/100ths between the central thickness of the cane and that of the sides. 

The RCO1 shaper form that Dimiter Jordanov uses more for his « German » reeds is more conical than my H50 shaper form which is a bit like the rolls for the oboe d’amore. It must be said that the choice is quite limited and it is often this one which is the good choice with the H32 which is a little more bulky in memory. The H97 being much more substantial and not very practical to use and to my liking, I parted with it.  Here with the RCO1 we have a slightly wider tip and a slightly narrower throat than the H50.

The Chiarugi staples I bought are not well known and not widely distributed. They are models with cork and are reminiscent of Guercio’s models, which are characteristic of them.  They are very similar in terms of dimensions: the ellipse at the top of the staple is a little less flattened but the circular base is the same as that of the OD10. It doesn’t really matter. They are available in two lengths, 25 or 26.5mm, as are the more traditional staples. But the notable difference is the firmer metal quality, the better finish of the staples and the consistency in production. So I’m very happy to find them now for these reasons and I generally appreciate the corked oboe d’amore staples in that they are more practical to hold when tying the reed, when handling the instrument and especially the fact that they can be better fixed to the bocal : you can manage the insertion better I think. Of course, if you are a fan of tubing between the staple and the bocal, this will not be possible here…

The Güner reeds on which I worked and wrote articles not so long ago gave me a lot of satisfaction on the oboe and I hope that this will continue in the future. So I wanted to reproduce here a test but for oboe d’amore. As it happens that some tubes are of a larger diameter when sorted, it was a good opportunity to use them here. 

It’s important to sort carefully, to check the tubes. This sorting can also be checked once the canes have been arrowed as there are sometimes surprises. Personally, I no longer hesitate to split my reeds in two if I see that I have a better chance of obtaining two adequate portions or even only one with an odd-shaped tube that might have been rejected initially. But when some tubes appear cylindrical to me then I am happy to split them in 3, especially as with Udo Heng’s equipment it’s much safer and more comfortable than a cutter!

I also like to find the right section and saw off the unnecessary ends. This work can be laborious because I leave myself a little room for manoeuvre. The tubes are not exactly cut to the final length but they are cut to an identical size overall which makes the following stages much easier, such as pre-gouging in particular but also other selections according to their flexibility or hardness for example or their flatness.

Then comes the gouging stage after a precise cut of the reeds. For my part, I like reeds with a central thickness of 61 to 63/100ths, which is apparently quite thick. But towards the end, when scraping, I remove a lot of wood, so that makes up for it! 😅 

Of course not all the steps are done on the same day and I like to be mindful of the sorting that sometimes changes during the work. A beautiful cane may disappoint later on when another less perfect one comes out on top in the end: the impenetrable but above all unpredictable mysteries of reeds! 

Precise measurement of the thickness of the canes and their hardness.

The canes are then shaped and it will then be possible to tie a reed, cut it and finally scrape it.  The reed is mounted at 52mm and cut at around 51mm on a 25mm staple, of course, and the scraping is slightly longer than on the oboe, with a thicker tip in proportion. For me, the oboe d’amore reed is closer to that of the oboe than that of the English horn for which there are fewer contrasts. But I know that other people will think differently. 

In the end I am satisfied with the result. I find the same sensations for the Güner canes that I had during my tests for oboe. Which shows their consistency or mine… or both! 😁 The Chiarugi staples fit my Mönnig bocals very well. The seal is good and they stay in place. Finally I appreciate the shape of the shaper form which allows me to have a generous set, roundness without having too much body. The result is pleasant in the low register as in the high register with a certain stability. The two recordings here made in my office show once again a promising result while the reeds are just scratched and would deserve some finishing or further adjustments. 

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2 réflexions sur “Anche de Hautbois d’Amour

  1. Bonjour Alain,
    C »est toujours un bonheur de vous lire. Explications minutieuses, illustrations généreuses. On a l’impression d’être au dessus de votre épaules pour vous regarder à l’œuvre. Merci de nous faire partager votre expérience.
    Bonne journée.
    Gérard

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