Roseaux pour hautbois Molinier, essais
Il y a des fois des choses amusantes. Rien non plus de métaphysique, n’exagérons pas ! Mais il y a quelques jours je tombais sur un post concernant les roseaux Molinier et cela me faisait esquisser un petit sourire intérieur car la coïncidence voulait que j’avais commencé à en travailler une semaine auparavant. 😇
Juste avant de prendre quelques jours de repos sur la Côte d’Azur (Oui, il n’y a pas que les roseaux qui aiment le soleil et le beau temps…) j’avais entrepris de travailler en 2 temps une série de tubes ou canons de la marque Molinier. 😎
Il s’agit d’un reliquat de roseaux de diamètre 10-10,5mm et provenant de la récolte 2009-2010. J’en avais acheté peu en 2015 et je pensais avoir bien fait car pour tout vous dire je ne les avais pas appréciés ! 😕
Globalement je les trouvais trop souples avec des résultats difficilement prévisibles. Cela doit être pour cette raison que mon subconscient m’a poussé à faire la faute d’orthographe Moulinier au lieu de…Molinier. CQFD
Sur le site où l’on peut très facilement les trouver 🧐 il est d’ailleurs écrit qu’ils poussent en France, dans le Var, non loin de Fréjus, dans un sol sablonneux en bord de mer. Et qu’avec le vent il sont naturellement souples et flexibles. 🤓
N’aimant pas le gâchis, j’ai préféré depuis les laisser se reposer, tranquillement, en espérant que leur nature s’améliore. Et comme tout récemment j’avais également envie de faire un peu de place, je me suis décidé à les travailler, les façonner. Une part tout d’abord, le reste viendra.
Et c’est parti ! 💪
Je vous épargne le fléchage des roseaux. Dans la mesure où je ne suis pas fan à la base de cette récolte, je les ai découpés par 3, quitte à prendre le risque d’avoir des sections moins bonne pour la gougeuse : dans ces cas là il ne faut pas avoir peur d’avoir à boire et à manger comme l’on dit !
[Une autre solution, plus onéreuse, est de les couper en 2 section et de choisir ainsi des morceaux dont la courbure sera plus adaptée au berceau de la gougeuse. Mais c’est valable selon moi surtout avec des canons de petit diamètre…]
Dans la photo précédente tout comme celle ci-dessous, les roseaux ont déjà été prégougés à l’aide de la machine de Kunibert qui est un régal à l’utilisation.
Cette étape permet de préserver la lame de la gougeuse mais cela permet surtout d’obtenir un format de roseau pouvant sécher et se stabiliser rapidement. Mais plus encore, le fait de travailler en plusieurs étapes vers le gougeage final permet au roseau de s’assouplir et de mieux épouser le berceau de la gougeuse. A moins que cela ne se passe que dans ma tête ? 🤪
Avec un test de torsion entre mes doigts j’essaie de classer brièvement les roseaux en 3 catégories : Soft–Médium–Hard. Ce test est affiné une fois les roseaux prégougés avec la lame circulaire. C’est ainsi que je les ai laissés une bonne semaine, à la lumière.
L’idée qui suit est de les gouger en fonction de leur souplesse ou résilience mais aussi en fonction de leur dureté.
Les roseaux souples seront gougés de manière plus épaisse tandis que les roseaux plus durs le seront -eux- d’une manière plus mince.
Pour le gougeage il est bon d’avoir une lame réglée de sorte que le copeau fasse 0,05mm ou quelque part entre 0,05 et 0,06 mais pas au delà !
Avec un roseau prégougé, seules quelques minutes dans l’eau suffisent avant de le travailler : et encore !
A l’usage, les copeaux doivent progressivement s’élargir du centre vers les côtés. Et il n’est pas rare que le dernier obtenu soit un peu plus chétif. Quoiqu’il en soit il ne faut jamais forcer : ni par un sur-réglage de la lame ni par une pression excessive de la main.
⚠️ Le sur-réglage avec un copeau plus épais risque plus de déchirer les fibres, d’être trop incisif. Quant à la pression excessive, elle fausse tout : le roseau comme la machine. ☠︎
Pour le stade ultime, seules quelques passes seront nécessaires : 4 ou 5 à tout casser.
Allez, poursuivons ! 😃
Voici donc mes roseaux triés comme je l’ai indiqué plus haut. J’ai affiné le tri avec le testeur de dureté qui me donne un indice. Globalement les roseaux entre 10 et 12 me donnent de très bons résultats. Je vais laisser sur le côté les roseaux trop souples (indices supérieurs à 15) et ceux trop durs (indice inférieur à 10).
Comme on peut le voir, les roseaux Molinier appartiennent plus à des roseaux souples ou mi-durs, ce que mon ressenti me disait déjà. Mais pour avoir une idée statistique plus précise il faudrait travailler sur une quantité de roseaux plus importante. 😉
Le gougeage une fois effectué me donne les roseaux suivants. Quelques uns sont bons pour la poubelle sans hésiter mais beaucoup m’ont donné du fil à retordre en ne sortant pas avec une épaisseur uniforme sur leur longueur. J’ai rusé en gougeant là aussi en 2 petites étapes avec une courte période de repos puis un trempage express. Il m’est arrivé parfois de retourner le roseau dans le berceau de la gougeuse comme un quitte ou double…
J’ai inscrit ici les épaisseurs des roseaux retenus. Il est possible de tester à nouveau leur dureté car la mesure varie en fonction des étapes : coupés, prégougés, gougés… Mais il faudra attendre un peu avant de le faire !
Une conclusion ? 🤔
Il y a des choses qui ne sont pas simples à transcrire mais la manière même dont vous travaillez le roseau, la manière dont il réagit à chaque étape vous informe sur sa nature et pour être honnête je reste septique sur ces roseaux…
Seule l’anche dictera sa vérité finale. On verra bien. 📈 🔍 😅
On a beau essayer de rationaliser notre travail, le résultat demeure toujours empirique avec le roseau qui –parfois– empire… tout seul ! 🤣
⇒ N’hésitez pas à me faire part de votre ressenti sur cette marque de roseaux car nous n’avons pas nécessairement le même !