Disque Trios pour pour hautbois, basson et piano de Haydn avec Maurice Bourgue
L’époque classique a surtout consacré les cordes plus que les bois et j’avoue que Joseph Haydn ne brille pas dans mon panthéon personnel des compositeurs, tant il a peu écrit pour le hautbois ; la paternité de son seul et unique concerto pour hautbois étant même plus que douteuse en dehors de la thématique de son 3ème mouvement.
Les oeuvres rassemblées ici sur ce tout nouveau disque de Maurice Bourgue permettent d’apporter un nouvel éclairage sur sa musique et d’offrir un répertoire élargit notamment pour la formation en Trio pour hautbois, basson et piano avec des arrangements d’oeuvres de Haydn mais aussi sur un deuxième disque des oeuvres des frères Wilhelm Friedman et Carl Philipp Emanuel Bach.
C’est pour moi avec un véritable enthousiasme que je me suis dépêché d’acheter ce disque dès que je l’ai aperçu ! 😃
Maurice Bourgue, ancien soliste à l’Orchestre de Paris et réputé professeur aux Conservatoires de Paris et de Genève n’est plus à présenter.
Kimiko Imani qui a enregistré récemment un CD avec Viola Wilmsen, une autre hautboïste, apporte ici son concours au piano tandis que le basson est joué par le célèbre Sergio Azzolini.
Les Oeuvres
Quand le Prince Esterházy décède en 1790, son fils et successeur Anton congédie nombre de musiciens jouant pour son père. Si Haydn avait pu conserver son salaire, il sentait bien le vent tourner et c’est assez naturellement qu’il s’est dirigé vers Londres où l’attendait une série de concerts. La vie musicale y était alors effervescente et Haydn y composa de nombreuses oeuvres. C’est de cette époque que datent les 3 Trios londoniens présents ici sur le 1er disque, en Ré, en Sol et en Fa Majeur. [Hob. XV : 15/16/17]
Cette musique s’adapte comme un gant au hautbois et au basson et exprime avec un équilibre dans la forme, la joie et la plénitude. Oui cette musique est joviale sous les doigts de nos 3 interprètes.
L’esprit de la forme sonate est omniprésent même si avec Haydn la fantaisie n’est jamais loin et cela me rappelle l’époque de mes cours d’analyse au conservatoire et à l’université où je décortiquais fréquemment ses sonates pour piano ! 😅
De nombreux passages ont une proximité toute mozartienne surtout avec le piano et me font penser au Quintette Kv 452. Surtout quand la joie simple et rustique laisse place un instant à plus de profondeur et d’intériorité.
Bien que le Sturm Und Drang se soit effacé vers 1772, il est difficile pour moi de ne pas ressentir ces clairs-obscurs aux accents si caractéristiques dans ces trios.
Le second disque fait appel à des oeuvres de Whilelm Friedemann Bach (un trio sonate retrouvé au début des années 2000 : F.49 BR B15) et de son frère Carl Philipp Emmanuel. L’une des oeuvres de Wilhelm est également attribuée à Johann Gotlieb Graun.
Ces oeuvres sont dans un style plus ancien et adaptées sous la forme de sonates pour hautbois et piano ou pour basson et piano. On retrouve l’écriture plus contapuntique de Whilelm et celle plus élégante ou galante de Carl Philipp. (Wq.78)
Ces oeuvres sont plus sombres, plus spirituelles et s’expriment sur le mode mineur avec un pathos assez présent.
L’Interprétation
Elle se révèle pleine de fraicheur et d’énergie, d’enthousiasme. La sonorité toujours très vibrante de Maurice Bourgue, est tantôt claire, tantôt ronde. Parfois perçante ou plus nasale. Celle du basson est très ronde et même un peu sourde par moments. Le piano est toujours clair, diaphane. La prise de son est très équilibrée et sert les 3 interprètes.
Toujours chantante et inspirée, l’interprétation de ces oeuvres est un régal : une petite douceur mi-sucrée mi-acidulée. Les répertoires du hautbois et du basson s’enrichissent de ces adaptations. Sony livre un double coffret soigné dans lequel les notes ne sont que en anglais et en allemand.
Un conseil ? Foncez l’acheter et l’écouter ! 👌😉