Histoire des hautbois et instruments de musique Gebrüder Mönnig
Se considérant de nos jours comme un challenger dans le domaine du hautbois, la marque Mönnig est pourtant bien ancienne.
Les Mönnig sont implantés dans le Vogtland depuis 1633 ! Et nombreux sont les membres de cette famille qui se sont investis dans la facture instrumentale.
C’est en 1875 que Heinrich Wihlelm Mönnig [1852-1934] se lance dans la facture d’instruments à vent. Il avait appris le métier avec son frère Whilelm August car leur père était décédé quelques mois avant sa naissance. Et en 1896 il construit un restaurant tout en installant son atelier dans la cuisine ! Ses fils Fritz [1881-1967] et Hans [1878-1942] apprennent avec lui le métier et en 1906 ils poursuivent la production de flûtes et de clarinettes en créant la firme Gebüder Mönnig.
Chacun d’eux aura un fils, Willy et Albert qui s’impliqueront à leur tour dans les années 1920 après s’être perfectionnés un moment chez Heckel à Biebrich. Albert s’occupera des hautbois et Willy, des bassons.
A la fin des années 20, la firme Gebüder Mönnig produit la famille complète des clarinettes, des flûtes, des hautbois et commence même à produire des saxophones !
L’entreprise passait alors de 40 employés à 70 en moins de dix ans.
La période était fructueuse et l’entreprise exportait avec succès aux Etats-Unis des clarinettes et des hautbois en métal sous le nom « Moennig. Bros. Artist instrument« .
Dans les années 1930, le polyméthacrylate de méthyle inventé depuis peu est commercialisé par la société Röhm & Haas sous le nom de Plexiglass.
Otto Röhm qui était également mélomane et qui était surpris de toutes les applications que l’on pouvait faire du plexiglass demanda qu’on lui construise un violon puis d’autres instruments à cordes. C’est le luthier Bruno Rügemer à Darmstadt qui s’en chargea.
Intriguée par ces instruments la famille Mönnig et particulièrement Willy décida d’essayer ce matériau. Et c’est en tournant puis en fraisant des barres carrés de Plexiglass que furent produits un basson, une flûte, une clarinette et un hautbois. Les produire était bien plus simple et rapide qu’avec du bois. 90 minutes étaient nécessaires pour le corps de l’instrument.
C’est avec ses instruments que l’entreprise gagna la Médaille d’Or à l’Exposition Internationale de Paris en 1937.
Si les instruments présentés ci-dessus sont au Musée de Markneukirchen (cf. Markneukirchen, ville des musiciens… ) le hautbois, lui, trône aujourd’hui dans le hall de la Villa Schuster dont je vous parlerai plus loin.
Je suis heureux et amusé de l’avoir vu de mes yeux car cela fait 24 ans au moins que je le connaissais à travers le livre « Hautbois et Basson » de Gunther Joppig, lu et relu des centaines de fois !
Ces années glorieuses laissèrent place à des moments plus difficiles.
En raison de la 2nde guerre mondiale, Fritz essaya de maintenir la production avec les travailleurs les plus âgés, les autres étant appelés au service militaire. Son Frère Hans meurt en 1942. Et Albert, le fils de Hans, meurt au combat 2 ans plus tard. Willy qui a été prisonnier revient en 1947.
Les enfants de Willy et d’Albert feront tour à tour leur apprentissage dans l’entreprise qui ne compte plus qu’une trentaine d’employés dans les années 60. Fritz, fondateur de l’entreprise Gebrüder Mönnig décède en 1967.
Si l’entreprise décline c’est que l’Allemagne est divisée par le Rideau de Fer et que Markeukirchen se situe dans la partie Est, « La République Démocratique Allemande » qui n’avait de démocratique que le nom. En 1958 on lui impose de ne plus produire de saxophones et dix ans plus tard, c’est au tour des clarinettes.
Elle se retrouve rattachée à « une entreprise du peuple » VBE Blechblas B&S avant d’être entièrement nationalisée en 1972. [Ce groupe qui a rassemblé de nombreuses entreprises parfois concurrentes existe encore aujourd’hui pour la production de cuivres]
Les instruments Mönnig sont exposés dans des salons, des foires où il est interdit de parler à des clients de l’Ouest. L’exportation vers les Etats-Unis est interdite également et la production est réservée aux pays socialistes. Faut-il préciser qu’un directeur peu compétent est nommé arbitrairement ? Le déclin s’accentue.
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