Hautbois, évolution du timbre, interprètes, disques
Du son, du son, du son !!!
Voilà un titre qui ne mange pas de pain.
J’avais hésité un moment à l’appeler « Pourquoi je n’ai pas acheté le dernier album d’Albrecht Mayer » mais franchement… c’était trop long.
Pourquoi joue-t-on du hautbois ?
(Ou pourquoi j’essaie depuis presque 30 ans… ? 😂)
Pour le SON !!!!
Parce que cela nous prend aux tripes dès que l’on en écoute et quand on en joue ! De par l’anche double que l’on a en bouche, de par le soutien important du diaphragme et de « la colonne d’air » dirais-je, le hautbois est un instrument très intériorisé. Un véritable prolongement de nous même et de notre âme damnée !
Car en effet j’ai bien du vendre mon âme pour en jouer : je suis le Faust des roseaux ! 😅
Il y a un profil sociologique et psychologique pour chaque instrumentiste. Mais savoir si c’est le musicien qui choisit inconsciemment son instrument ou savoir si c’est ce dernier qui déteint sur son propriétaire ? Autant s’interroger pour savoir si la poule 🐔 précède l’oeuf et si c’est bien la baguette qui choisit son sorcier, n’est-ce pas Harry ?
Aussi, plus rien ne m’étonne quand je rencontre un tromboniste racontant une blague douteuse tout en buvant une bière, un violoniste hautain et son double démoniaque l’altiste dont on ne repère pas immédiatement l’absence… (ou la présence ?) Ou encore des percussionnistes faisant des jongles avec des mailloches un peu comme au cirque : qu’ils sont taquins ! Et tout ça pendant qu’un hautboïste fou 😜 cultive sa névrose sur scène en grattant encore son anche 2 minutes avant de jouer !
Quand j’amène mon hautbois au collège (une fois par an pour respecter la Convention de Genève) je vois tout de suite la réaction de mes élèves dès les premières notes : soit ça les attire, soit ça les repousse. Il n’y a pas de juste milieu. Le hautbois est clivant.
Quel est le responsable ? Le son.
« Ça passe ou ça casse »
« Vous etes avec nous ou contre nous »
Voilà des slogans bien adaptés pour des hautboïstes ! D’autres philosophes me les ont soufflés… mais je ne sais plus si c’est Anakin Skywalker ou Georges-W Bush … ? 🙄 🤣
Bref ! Revenons au sujet. On peut l’aborder sous différents angles mais il demeure :
Nous, c’est le son !
On ne sait pas jouer trop doucement, ni trop fort, ni trop aigu ni trop grave. Trop legato ça ne va pas mais détaché, c’est pas ça non plus. Les grands intervalles c’est la galère. La justesse je n’en parle pas et pourtant il y a des malades qui s’accordent sur nous !!! 😁😱😳 Il n’y a que le La qui soit à 440 Hz 😱
Certaines notes sont certifiées maudites comme le Sib grave dans son attaque, le Do# grave qui n’est jamais le bon ou le Do # medium qui siffle … et je ne parle même pas du Ré suraigu qui loupe dans les liaisons ! Tellement vrai qu’un bon hautboïste (si si ça existe…) ne joue jamais les doigtés qu’il a appris dans sa méthode au conservatoire ! Et comme il n’y a pas assez de doigts pour une note : on en un rajoute ! Le plateau du Fa de fourche pour le ré suraigu justement, un si grave pour stabiliser un sol aigu etc…
Ce qu’il y a de bien avec le hautbois c’est que l’on ne manque pas d’imagination ! On peut trouver 5 doigtés différents pour faire une note sans qu’un seul ne fonctionne à tous les coups !
Et depuis 6 mois fleurissent des commentaires disant que les anches en roseaux c’est quand même mieux qu’une anche synthétique comme celle de Légère qui fonctionne pourtant bien alors que tout le monde se plaint du roseau depuis 5 siècles ! Grrrr 😡😡😡😡
Alors : que reste-t-il au hautbois en dehors de son ambitus pleinement exploitable d’une octave et demie ???
Le son, le son, le son !!!
Mais comme tout n’est pas simple avec le hautbois (rien en fait…) beaucoup de musiciens se refugient légitimement : « c’est pas moi, c’est l’anche ! »
Vu qu’un hautbois ne fait pas grand chose de bien et je ne vais pas vous refaire toute la liste, certains recherchent et désirent simplement une anche juste ou pas loin… une anche souple, ou une anche qui détache, ou une anche qui développe, ou… une anche facile : Non ! Là, faut pas abuser ☠️⚠️🎅🏻
Beaucoup (des profs, des musiciens d’orchestre, des solistes… et même mes voisins de palliers!) expliquent :
« Il faut une anche pour jouer. Il ne faut pas cultiver le son pour le son« 😇
Encore une bandes de frustrés qui n’ont justement pas de bonnes anches ! 🤓
Non mais quelle blague !
JE NE SUIS PAS D’ACCORD !!!! 😡😡😡😡😡
Moi je veux du SON !
Avec le hautbois il ne doit y avoir que passion et souffrance si nécessaire ! Il faut cultiver le son !!!! Zut ! Débrouillez-vous !
Le choix de la raison aurait été de faire la clarinette ou du triangle ou de regarder à la rigueur Desperate Housewives, dans le canapé, un verre de chardonnay à la main tout en disant du mal des voisins !
Donc croyez moi quand je vous dis que je n’achèterai pas le dernier disque « I Tesori » d’Albrecht Mayer. Je suis impartial : j’adore Mayer et j’ai tous ses disques. Mais là, non…
C’est toujours très musical, très fin, mais pour ce qui est de la sonorité c’est de plus en plus nasillard. Il y a souvent une rupture, une évolution radicale dans la vie d’un hautboïste. Chez lui c’est sans aucun doute le développement du hautbois qui porte son nom. Sa sonorité est de plus en plus vibrante, de plus en plus claire, de plus en plus frêle et…tremblante.
En dehors de notions de confort de jeu propres à chacun sur un instrument : pour moi il jouait mieux sur Buffet Crampon avec ses propres anches ! Et la prise de son était meilleure chez Decca.
Pour d’autres solistes on retouve des changements similaires.
- Pour Hansjörg Schellenberger je préférais quand il était sur Marigaux ou sur son 1er Lorée en bois de violette. Ses enregistrements chez Deutsche Grammophon ou Sony sont supers ; ceux de son label Campanella Musica un peu moins à l’exception peut-être du Romantische Wervandlungen... Sa sonorité est un peu moins feutrée mais reste lumineuse mais toujours maitrisée. La projection est toutefois meilleure. C’est une question de goût et mon article entier se résume à cela ! 😉
- Ou encore Thomas Indermühle qui est resté fidèle à Rigoutat mais qui a souhaité passer il y a des années de cela à un modèle « Straight top Oboe » à l’anglaise avec des viroles en moins et des anches qui ne sont plus celles qu’il réalisait avec les machines de Tony Allcock…
Depuis, sa sonorité décline et je pense même que certaines prestations que l’on trouve sur internet ne sont pas toujours très au top, pas toujours très propres. Certains enregistrements ne sont pas de son fait. Il ne peut être responsable d’une capture sauvage avec un smartphone en concert … Mais j’ai l’impression d’un relâchement dans le travail et je connais d’autres professionnels sur internet qui se « viandent » à jouer St Saens ou Hummel en pensant peut-être qu’il n’est plus nécessaire au bout de nombreuses années de les travailler…
- Un soliste n’a jamais changé pour sa sonorité, c’est Heinz Holliger. Toujours le même… vibrato aussi exacerbé !!! Mais j’adore ❤️ Je pense que certaines prises de sons chez Philipps ou Archiv Produktion sont vraiment géniales et lui ont vraiment donné une profondeur et une ampleur qui tenaient plus à la qualité d’enregistrement que de ce qui sortait de son pavillon !
Allez ! Que celui qui n’a jamais jugé de la sonorité d’un hautboïste mais seulement de sa musicalité, que celui là me jette la première pierre d’Arkansas !
(Quitte à recevoir des pierres, autant que cela me soit utile 😄)
I like the sound of the third video. Can I know which company it belongs to?
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Thomas Indermühle plays a special model (with a straight top) made by Rigoutat.
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