En visite chez les hautbois Howarth

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Samedi 11 novembre 2017.

Il fait frais ce matin et le temps est maussade. Heureusement que les gens du Nord ont le soleil dans leur coeur car en arrivant à Londres le ciel n’est pas très souriant…

King’s cross : comme toujours la voie 9 ¾ reste introuvable aussi je préfère m’engouffrer dans le métro. 3 stations sur la Circle Line et je descends à Baker Street. Je pourrais me rendre chez Sherlock Holmes, célèbre détective, mais je préfère traverser la rue et me diriger vers Chiltern Street. Howarth est juste à deux pas…

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Cette marque a été crée en 1948 par Tom Howarth et le magasin se trouve donc ici, dans cette rue agréable où fleurissent également aujourd’hui les voitures de luxe. Howarth s’est spécialisé dans les hautbois, hautbois d’amour et cor anglais mais distribue également d’autres marques  au sein de la « Perfide Albion » (je le dis avec affection, c’est de l’humour 😉). Depuis la création de leur modèle XL cette marque à beaucoup gagné en notoriété à travers le monde.

photo alain Vlamynck

En passant la porte, je me suis senti tout de suite à l’aise. C’est tout petit pour ne pas dire étroit mais c’est chaleureux et les yeux ne savent plus où regarder ! De nombreuses partitions, des vitrines avec des machines pour travailler anches et roseaux, des instruments étincelants dans leur étui ouvert, un mur couvert d’accessoires au packaging soigné : C’est la caverne du Père Noël ou quoi ?

photo alain Vlamynck

photo Alain Vlamynck

photo Alain Vlamynck

photo Alain Vlamynck

Agréablement accueilli, je demande s’il est possible d’essayer des hautbois. En venant à l’improviste qui plus est un samedi…11 novembre je n’aurais pas été fâché si l’on m’avait dit non. Tout au contraire, on me mène à un petit box en sous-sol et l’on m’apporte 3 hautbois. Mon accent français a du me trahir… car la personne m’a spontanément sélectionné des instruments « système conservatoire » 😉. Au Royaume Uni les hautbois avec le système de plateau de pouce ou « Thumplate »  sont plus en faveur que sur le continent.

J’ai eu droit à 2 hautbois XM, l’un en ébène et le second en cocobolo, ainsi qu’un hautbois LXV.

photo Alain Vlamynck

Les instruments sont extrêmement soignés. Le clétage est délicat. L’action des plateaux et des spatules est assez basse mais réactive. La prise en main est facile de même que l’émission. Le modèle LXV se distingue immédiatement par un poids plus important en raison des parois plus épaisses que sur le modèle XM partageant pourtant une perce similaire. Il a une meilleure projection. Le son a plus d’ampleur. Pourtant je ne suis pas insensible au XM dont la sonorité est plus feutrée et plus pastorale.

Je ne sais pas si c’est parce que je suis à Londres pour jouer ces hautbois mais je trouve qu’ils ont un accent anglais dans leur sonorité ! Sans rire ! Ces instruments ont un certain caractère qui leur est propre et immédiatement j’ai plus l’envie de jouer du Britten ou du Vaughan Williams qu’autre chose !

Je suis particulièrement subjugué par le modèle en cocobolo. Il est difficile de résister par l’appel des bois qui me sont si familiers :  leur beauté, la couleur, le veinage du bois et surtout ce moelleux, cette tendresse si caractéristique quand on les joue.

photo Alain Vlamynck

Le plus fort est selon moi la tête synthétique dont on perçoit que légèrement la différence avec le reste du corps. L’aspect visuel est bluffant de réalisme… sauf à la hauteur de la piperelle elle où les veines du bois paraissaient subitement artificielles. Ce modèle est très populaire en ce moment me disait la jeune femme. Je comprends pourquoi.

Si j’avais trouvé un peu de pétrole dans ma salle de bain ou quelques lingots d’or sous mon lit je serai bien parti avec, rien que pour le plaisir. Et puis surtout avec le hautbois d’amour dans la vitrine, lui aussi en cocobolo : je craque !!!!!!!!!!!!!!!! 😍😍😍😍😍

photo Alain Vlamynck

Ce n’est pas grave. Une autre fois peut-être ? Je me contenterai de quelques accessoires que je ne trouve pas forcément ailleurs. Je suis là : c’est l’occasion !

photo Alain Vlamynck

Doctor Slick Cork Grease pour nourrir et traiter les lièges : je l’ai essayé. Cela fonctionne très bien. Avec une toute petite noisette sur un tenon j’ai réussi à graisser l’ensemble du hautbois. Bien entendu il faut le faire avec son doigt et non avec un chiffon, après avoir nettoyé et enlevé le surplus de l’ancienne graisse.

Doctor Slick Grenade oil pour la perce intérieur. C’est une huile assez onéreuse qui essaie  de restituer l’huile présente naturellement dans le bois. Je l’ai également essayée depuis et je trouve qu’elle est très très fluide. Il faut donc en mettre très très peu dans le hautbois !

3M Anti Tarnish Strips : ce sont des bandes qui limitent le noircissement des clés. Il y en a 4 en tout. Il suffit d’en placer une dans l’étui du hautbois et elle reste efficace durant 6 mois. Cela ne coute pas cher et Howarth en met avec tous les instruments en vitrine : cela ne doit pas être pour rien…

photo alain vlamynck

Je me suis également procuré un chiffon lustreur pour le clétage argenté, la méthode d’Evelyne Rothwell « Guide to Oboe Reed Making » pour le grattage des anches qui promeut un grattage inspiré du modèle américain. La mise en page est ancienne et c’est chargé en texte ! Malgré les photos nombreuses, il se dégage un aspect un peu encyclopédique avec une multitude de remarques dont certaines sont toujours partagées et pertinentes ! Elle aborde de nombreux aspects de la confection des anches et je suis content de découvrir son ouvrage par curiosité.

photo Alain Vlamynck

Il y a une collection importante de bobines de fil : un véritable arc-en-ciel ! Le magasin Howarth dispose des bobines traditionnelles mais surtout de bobines avec un fil plus fin, un peu plus rares à trouver quand on veut changer de couleur. Ici j’en ai pris une violette.

photo a

J’ai enfin acheté un outil pour retoucher les anches très en faveur aux Etats-Unis où il est né : le Double Geek. D’aspect très soigné, je n’ai pas encore eu vraiment le temps de l’essayer. Il y a semble t-il des vidéos sur internet : il me faudra les regarder d’abord. Peut-être vous ferais-je à l’avenir un retour sur mon expérience avec cet outil ? On verra.

En attendant, si vous passez à Londres ou si comme moi vous n’habitez pas si loin que cela (1h30 en Eurostar 😀), passez leur rendre visite ! Ils ont vraiment beaucoup de choses intéressantes et j’ai sincèrement apprécié leur gentillesse et leur courtoisie.

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