Hautbois d’amour Gebruder Mönnig AM 170 Albrecht Mayer, pavillon de hautbois d’amour, essai
Quand j’ai acheté mon dernier hautbois d’amour il y a de cela deux ans environ je me disais que je n’utiliserais qu’un seul des deux pavillons livrés dans l’étui.
L’idée même des deux pavillons me semblait un peu gadget.
Le détail qui m’amusait cependant était la forme de l’un des deux pavillons : très conique. Un peu comme un pavillon de hautbois en somme. Sur un hautbois d’amour je trouvais cela inesthétique même tant pour moi cet instrument se doit d’avoir un pavillon en forme de poire !
Et à ce titre j’ai toujours trouvé que celui des Lorée était vraiment très harmonieux.

Pavillons de mes hautbois d’amour et cor anglais Lorée
Pour revenir à ce pavillon ce qui m’amusait est qu’il me rappelait les tous premiers hautbois d’amour modernes.
Après avoir disparu de l’époque baroque où tant d’oeuvres ont été écrites pour lui par des Bach, Telemann, Lotti, Graupner et tant d’autres et après une étrange apparition à l’époque classique dans un concerto de Dittersdorf… Le hautbois d’amour renaissait de ses cendres en 1874 dans les mains d’un talentueux facteur d’instruments belge : Victor-Charles Mahillon (1841-1924).

Hautbois d’amour Mahillon 1874
Avec cet instrument il gagna même la Médaille d’Or dans un concours à Paris en 1878. Ce n’est que quelques années après que viendront les pavillons en forme de bulbe ou de poire dans les années 1880 et que reprendront la concurrence comme Morton en Angleterre ou Lorée qui lui donna en 1889 son « système conservatoire ».
Une fois de plus je réalise que beaucoup d’inventions, d’innovations sont bien souvent cherchées ou recherchées dans le passé dont on reprend certaines idées ou certaines pistes…
Chez Moennig, sous les mains de Ludwig Frank, ce pavillon très conique est né pour répondre surtout aux souhaits d’Albrecht Mayer pour lequel les instruments ont été tout spécialement conçus. On le trouve aussi bien pour le hautbois d’amour que le cor anglais.

Oboe d’amore & Englis horn Moennig
Albrecht utilise visiblement souvent ce pavillon. Que ce soit pour son album dédié à Bach ou d’autres encore ou sur des vidéos on le voit…et personnellement je dirais même : « Je l’entends » !
Aujourd’hui j’ai effet eu l’occasion depuis des mois de jouer alternativement l’un et l’autre et de me faire une idée plus précise.
Le pavillon piriforme, classique dirais-je, apporte un timbre plus feutré, plus rond.
Le pavillon conique apporte lui plus de clarté, de transparence. Mais le plus important c’est qu’il est surtout plus facile d’émission ! Il donne plus de liberté et de facilité à l’instrument. Ce dernier devient moins résistant. Le grave se joue avec plus d’aisance. Et je crois que c’est ce confort de jeu qui est la qualité première de ce pavillon.
Je sais que c’est subtil et que mon jeu imparfait ne sera peut-être pas à la hauteur mais je vous propose de vous faire une idée avec deux de mes enregistrements : la même oeuvre, le même jour, la même anche bien sur et la même prise de son, chez moi, dans mon bureau.
En étant attentif je pense que l’on peut percevoir ces différences de timbre. Mais en ce qui concerne la facilité de jeu qu’apporte ce pavillon il faut que vous ayez l’occasion de le jouer pour vous en convaincre !
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