Concerto en Fa Majeur pour hautbois de Mozart
Je vous demanderais bien lequel pour jouer aux devinettes…mais vous n’auriez pas beaucoup de chance…
Albinoni, Vivaldi, Bach, Krommer, Kozeluh, Lebrun, Winter ??? Et tant d’autres ?
Il manque celui qui quelque part n’existe pas :
Le concerto en Fa Majeur de Mozart
Et même en disant cela il faut encore préciser et nuancer la chose ! En 1778 à Mannheim Mozart composa en effet un concerto pour hautbois en Fa Majeur qu’il laissa inachevé semble-t-il. Nous ne possédons en effet qu’un fragment du 1er mouvement avec la ritournelle complète et l’essentiel de la partie de hautbois. L’œuvre a été depuis complétée et enregistrée comme ici avec Ingo Goritzki.
Vous pouvez trouver sur la Neue Mozart-Ausgabe Online la partition digitalisée que Mozart a laissée en l’état :
http://dme.mozarteum.at/DME/nma/nmapub_srch.php?l=2
Mais un an avant cela, en 1777, Mozart avait reçue une commande pour 3 concertos pour flûte de la part d’un riche commerçant néerlandais De Jean ou De Jong. Mozart se mit au travail mais n’exauça pas complétement cette commande : 2 concertos virent le jour et encore…
En effet, le 2ème concerto pour flûte Kv 314 n’est autre que la transposition un ton plus haut, de Do à Ré majeur, du concerto pour hautbois qui avait été écrit pour un célèbre virtuose de l’époque et ami de Mozart : Giuseppe Ferlendis.
Seul le 1er concerto en Sol pour flûte Kv 313 est une œuvre authentique ainsi que le mouvement isolé Kv 315…qui aurait constitué un très beau second mouvement de concerto…
C’est précisément ce concerto Kv 313 qui m’intéresse aujourd’hui.
_ Il n’est pas en Sol ?
_ Si ! Pourquoi ?
_ Et bien…Depuis le début tu parles d’un concerto en Fa !
_ Ah oui ! C’est Heinz Holliger qui en 1986 a eu l’idée de cette transposition. Il voulait voir si descendre d’un ton un concerto pour flûte et l’adapter au hautbois fonctionnait aussi bien que ce que Mozart avait lui même fait de son œuvre mais dans le sens inverse : monter d’un ton pour passer –nous l’avons vu– du hautbois à la flûte.
Et depuis presque 30 ans j’ai en tête cette merveilleuse interprétation. Je préfère largement ce Faux concerto pour hautbois à celui rebattu trop souvent pour les examens et les concours ! Je le trouve plus équilibré, plus charmant, plus chaleureux, plus riche même ! Seul le 2nd mouvement dont la mélodie reste haut perchée nous rappelle ses origines « flutesques » [Ne cherchez pas ce mot, je viens de l’inventer, ha ha ha !]
J’ai longtemps cherché la partition. Je savais qu’elle avait été éditée par Birgit Welpmann chez Karthause mais lorsque je l’avais commandée elle était épuisée et non rééditée…
Cela fait donc des années que je me débrouille avec la partition de flûte…pour s’entrainer à lire en clé d’Ut 4ème ligne ce n’est pas si mal ! Mais pas confortable…
Pendant des années aussi j’avais également cherché sans succès un fabuleux concerto en Ré Majeur que Heinz Holliger (encore lui !) avait également enregistré : Sammartini.
Tout ce que je savais c’est que le manuscrit se trouvait à Dresde ! Ce n’est pas la porte à côté de chez moi…
Et puis un beau jour, coup de chance ! La partition est enfin éditée : conducteur pour orchestre, parties séparées, réduction pour piano. La totale !
C’était une toute jeune maison d’édition que j’avais découvert un peu par hasard : Befoco avec Bernhard Forster. J’étais heureux !
Quelques années ont passée, 5 au moins et ce 2 Janvier 2017 : nouveau coup de chance !!!
Cette fois ci c’est mon fameux « faux concerto pour hautbois » de Mozart qui est édité ! Grâce à qui ? Befoco ! Encore !
J’ai tout de suite sorti la carte bleue pour le commander. Si cela se trouve c’est moi qui en ait acheté le tout premier exemplaire car j’avais à peine reçu la Newsletter que je passais commande !
Message personnel pour Bernhard Forster :
Par deux fois et par le plus grand des hasards votre travail d’édition m’a apporté ce que je cherchais depuis si longtemps ! Aussi, cette fois-ci, j’aimerais vous faire part d’un désir encore inexaucé : le concerto en Do mineur de Matthäus Nikolaus Stulicke !!!
Car la partition qui était jadis éditée chez Nova Music n’est plus disponible…
Je prends congé de vous sur cette note d’espoir et d’optimisme tout en écoutant ces quelques interprétations : Heinz Holliger, Fumiaki Miyamoto et plus récemment François Leleux.
Il me reste également à jouer ma partition tant attendue…