Hautbois Lorée Royal bois de violette & Hautbois Mönnig AM 155 ébène
1994-2014
20 ans de fidélité. Non par dogmatisme mais sincérité.
Cela commence par savoir choisir un instrument puis construire avec lui une relation. Prendre soin de lui, ce que peu font, être à l’écoute, apprécier l’évolution de ce duo que nous formons ensemble.
Commencer doucement.
Je n’ai jamais négligé de roder mon hautbois et j’ai su être patient. Patient pour que la sonorité s’ouvre plus généreusement, pour que le suraigu sorte sur un filet d’air… Patient pour développer imperceptiblement des anches plus adaptées…
Qu’est-ce qui m’a plu le plus dans mon Lorée ?
L’originalité. Celle du bois, mon violette, et cette marque que quasiment personne ne joue en France étrangement. La rondeur du son, même avec des anches parfois très (trop?) souples. La chaleur et le moelleux du bois de violette, beaucoup de douceur et de timidité aussi parfois. La fiabilité du mécanisme. La stabilité du bois. La qualité d’un service, sur place, à Paris.
Tout ça je l’ai aimé.
Évidement tout n’est pas toujours tout rose. Il y a parfois ce grave trop bas qui bouche formidablement avec les tampons liège mais qui tranche un peu. Il y a le son caractéristique de Lorée, très centré, trop peut-être ? Un manque de souplesse ? Il y a surtout ce maudit ré aigu qui foire trop souvent avec les liaisons sol-ré, la-ré ou même do-ré ! Fichu losange au fond du 1er plateau ! J’ai essayé plein de choses : des réglages, de la paraffine dans le « demi-trou », l’installation d’un système « Philadelphie »¹ bien trop compliqué à mon goût (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?) j’ai même essayé de modifier la forme du losange et changé notamment la 2ème boite d’octave. Mais on vous apprend qu’il faut un compromis sans quoi d’autres notes vont trinquer…
Alors j’ai continué de l’aimer quand même quand d’autres hautboïstes changent frénétiquement d’instrument, de modèle, … de marque.
Ils vont et viennent un peu partout, certains les collectionnent, les accumulent même ! Ils butinent mais sont-ils plus heureux au final ?
Moi je sais que l’herbe n’est pas plus verte à côté.
Sans chercher à partir je n’ai jamais rien trouvé de mieux.
Et pourtant…
Il y a deux ans, alors que je ne m’y attendais pas j’ai rencontré un autre hautbois. J’aimais toujours le mien mais là, c’était très nouveau. Une vraie rencontre qui m’a fait « sonner » très différemment et d’une manière qui m’a plu ainsi qu’à mon entourage. C’était évident. Immédiat.
Malgré les appels du pieds, les regards énamourés et surtout cette attraction, cet appel pour quelque chose de nouveau mais de tellement bien, je suis reparti les mains vides, le cœur léger encore mais avec la ferme intention d’y réfléchir patiemment. Quel tournant suis-je prêt à prendre et donner ? Est-ce un caprice ? Un attrait heureux mais éphémère ?
Je n’ai pas lâché mon Lorée et j’ai passé encore de bons moments avec…
Pendant un an…

Pavillon de mon Hautbois Mönnig